D’UN FOSSILE A L’AUTRE
Mais voici que l’an dernier se produisit tout à coup aux Etats-Unis en plein été un retour en force de l’obscurantisme ! Pensez donc !Le Conseil d’Education du Kansas décidait de ne plus interroger aux examens sur la théorie de l’évolution (et sur le Big Bang), liberté étant laissée à l’enseignant de l’étudier ou non avec ses étudiants ! Et à cette nouvelle on cria haro sur les créationnistes ! S .G. Gould lui-même y vit un premier succès de ces derniers contre une théorie " aussi étayée (documented) …que la révolution de la Terre autour du soleil (sic)" !(4) L’affaire fit des vagues, qui atteignirent France-Culture, puisqu’à l’occasion d’une émission consacrée à divers aspects de la pensée contemporaine (le 23 janvier dernier), où l’on s’inquiétait doctement des attaques de formes diverses contre le dogme darwinien, un universitaire rationaliste épingla plus particulièrement " …l’action insidieuse d’un certain Guy Berthault se présentant comme ancien élève de l’Ecole Polytechnique. Ce personnage exposait habilement, il faut le dire, dans divers congrès de sédimentologie nationaux et internationaux …ses expériences sur la genèse des laminae, ces très minces couches des roches sédimentaires, et il parvenait ainsi à les faire publier dans des revues scientifiques françaises d’excellente cote. De ces expériences , auréolées dès lors du prestige de leurs publications scientifiques, il pouvait conclure ensuite dans des articles et des vidéocassettes créationnistes, à la vraisemblance du Déluge, établie, je le cite, par une science débarrassée d’une prétendue évolution des espèces et de la durée classique des temps géologiques… " Il va de soi que M. Berthault a répondu ès qualités comme il convenait . Mais au-delà du cas particulier, l’anecdote est révélatrice : en ces domaines, pendant que certains bien-pensants ne pensent plus, la postérité de Renan n’en demeure pas moins vigilante. Et pendant ce temps-là les cœlacanthes nageaient. Vous vous souvenez certainement de cet étrange poisson présenté jadis comme un remarquable chaînon manquant ( chaînons manquants qui manquent toujours d’ailleurs), connu par ses fossiles datés d’au moins 100.000 ans. Puis vînt la découverte en 1938, de cet animal bien vivant, d’abord en Afrique du Sud, d’où son nom de " Latimeria Chalumnae ", puis ensuite aux Comores, où on le pêche régulièrement. Mais au début de cette année également, on apprenait très loin de ces lieux, la découverte de deux nouveaux cœlacanthes, qui s’aimaient d’amour tendre par 155 mètres de fond, dans une grotte de Manado Tua (suivez mon regard), plus précisément dans l’archipel des Célèbes, en Indonésie. Décidément cet animal insolite n’est jamais là où on l’attend, ni dans le temps ni dans l’espace ! La nouvelle ne fit pas de bruit . Mais le cœlacanthe est irréfutable, profitons du cœlacanthe aurait écrit Alexandre Vialatte. Par contre on ne profitera pas autant de " l’Archeoraptor liaoningensis " . Vous ne le connaissez pas celui-là ! C’est normal, il n’existe plus, étant également un chaînon manquant qui fait défaut, et qui met même en défaut la logique aristotélicienne elle-même, armature de la science occidentale. Suivez-moi bien : le cœlacanthe est un faux vrai fossile, tandis que " l’archeoraptor liaoningensis " est un vrai faux fossile ! En effet, dans la mythologie évolutionniste, conte de fées pour grandes personnes (Jean Rostand dixit), les oiseaux descendent des dinosaures. C’est pourquoi le National Geographic de novembre dernier s’empressa de publier cette découverte d’un fossile chinois de dinosaure à plumes, provenant de la province du Liaoning au nord de Pékin. Mais des tests plus précis (notamment à l’université du Texas où l’on passa la bête au scanner à rayons X), et une comparaison avec d’autres fossiles par le professeur Xu Xing, paléontologue de Pékin, mirent en évidence une nouvelle fraude, résultant d’un montage, la queue ayant pu être ajoutée et les os des pattes retouchés, nous rapporte Le Monde de ce 4 mars . Ci-gît l’animal transcendantal, dont la possibilité impliquait la réalité ! La prochaine fois, aurait dit Pierre Dac, entre le loup et le phoque, on aura le loufoque ! Les théories de l’évolution se succèdent, charriant leur lot de fraudes, prenant l’eau de toutes parts, et l’on aura beau ajouter, à l ’instar de l’ancienne astronomie, de nouveaux épicycles pour " sauver les apparences ", il faudra bien en venir à une autre conception du vivant, et à une science de la vie et de la terre renouvelée. Et en cette année charnière, méditons l’avertissement prophétique (5) de l’auteur des Cinq Grandes Odes, au début de ce siècle de Moloch qui s’achève maintenant : " Restez avec moi, Seigneur, parce que le soir approche et ne m’abandonnez pas ! Ne me perdez point avec les Voltaire, et les Renan, et les Michelet, et les Hugo , et tous les autres infâmes ! Leur âme est avec les chiens morts , et leur nom même après leur mort est un poison et une pourriture. Parce que vous avez dispersé les orgueilleux et ils ne peuvent être ensemble, Ni comprendre, mais seulement détruire et dissiper, et mettre les choses ensemble. Laissez-moi voir et entendre toutes choses avec la parole Et saluer chacune par son nom même avec la parole qui l’a fait. " (1):BOISSARD, C., La Vie
et le Message de Madame Royer, Téqui, 1960, p.351-352.
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